Benjamin GUY

Croyez-moi ! Les Pompiers de Paris vont mettre le feu au Cirque d'Hiver !

Benjamin Guy est fier d’appartenir, depuis douze ans, à ce corps délite que sont les Pompiers de Paris. Avec des étoiles dans les yeux, l’adjudant-chef, responsable de la Section Gymnastique, nous révèle les coulisses et les préparatifs de ce partenariat exceptionnel et inédit qui permettra d’applaudir les pompiers… sur la piste du Cirque d’Hiver Bouglione !

Quel est votre parcours, Benjamin ?

Je suis entré chez les Pompiers de Paris à 19 ans et j’ai ainsi réalisé mon rêve de gosse. Après un cursus Sport-Études, je me voyais déjà aux JO, mais je n’ai pas atteint mes objectifs ! Mais en intégrant cette institution, qui est un vrai ascenseur social, j’ai découvert le spectacle et, par extension, le cirque… et le Cirque d’Hiver Bouglione sur un Gala de l’Union des Artistes. J’ai adoré et je suis tombé amoureux de ce monde-là, si fascinant !

Depuis quand cette Section Gymnastique existe-t-elle ?

Depuis 1919. Suite à la Grande Guerre qui a engendré des pertes humaines considérables, on a dû créer cette équipe dans le but de recruter. Il fallait attirer la jeunesse dans les armées. Aujourd’hui, elle répond à la même vocation : participer au rayonnement et à la communication des Pompiers de Paris !

Vous avez pris la tête de cette section !

Pendant une dizaine d’années, j’ai été sapeur-pompier opérationnel avant de m’orienter vers une spécialité : l’entraînement physique militaire et sportif, ce qui m’a permis de diriger cette équipe.

Qu’ils soient membres de votre section ou pas, tous sont logés à la même enseigne ?

Oui. Les Pompiers de Paris ont un socle commun de disciplines pour se préparer physiquement aux interventions : la natation, la course à pied, la musculation et la gymnastique. La majorité des membres de la Section Gymnastique ont le grade de caporal-chef, autrement dit, ils sont chefs d’une ambulance (véhicule de secours à victimes). Ils suivent tous le même cursus, ils ont tous accès au même avancement avec des passages de grade. Cela va du sapeur de 1re classe à sergent. Ils consacrent les 2/3 de leur temps aux camions rouges et 1/3 au rayonnement de leur unité.

Et les femmes au sein de la Section ?

Il faut savoir que la Section compte 30 membres dont 4 femmes. On peut se demander si les filles sont capables d’exécuter les mêmes tâches que les gars ! Eh bien, oui ! Mais, parfois, l’inverse n’est pas possible car elles ont un gabarit et une souplesse qui leur donne l’avantage !

Tempo, c’est un vrai challenge !

Oui, car les pompiers de la Section Gymnastique doivent se maintenir à un haut niveau avec peu d’entraînement. 10 jours seulement sont consacrés à la création du numéro avec les artistes professionnels, entraînement décorrélé de tout le travail effectué en amont. La priorité reste tout de même d’être très bons en opérationnel.

Et une récompense aussi !

Ce petit plus leur permet de vivre des moments exceptionnels, à l’instar de la cérémonie des  derniers JO ou au Festival de Cirque de Monte Carlo. En 1976, l’équipe avait reçu un Oscar d’honneur lors du Gala de l’Union des Artistes à Los Angeles, consacrant son excellence acrobatique et sa contribution au patrimoine artistique. Mais assurer des spectacles est plus sollicitant physiquement. Il faut accepter d’être sur les routes les week-ends… Il y a un équilibre à trouver entre le plaisir de représenter notre institution et la rigueur exigée chez les Pompiers de Paris.

Comment s’opère la sélection des pompiers qui se produiront sur la piste du Cirque d’Hiver ?

Elle est basée sur le volontariat, bien sûr, mais on guette les meilleurs profils. Une fois qu’ils sont identifiés et leurs aptitudes repérées, on les entraîne une fois et, à l’issue de l’entraînement, ils passent un entretien. Ceux que j’entraîne, avec mon adjoint le sergent-chef Damien Barré, montrent de l’appétence pour les disciplines acrobatiques et artistiques mais ils sont libres, à tout moment, de quitter le groupe pour reprendre leur emploi « traditionnel » s’ils ne sont plus intéressés. Les pompiers de la Section Gymnastique ne perçoivent aucune rémunération quand ils se produisent en spectacle en plus de leur salaire de militaire.

Vous avez vos propres spectacles, mais quelle sera la spécificité de votre prestation au Cirque d’Hiver ?

C’est la première fois que les Pompiers de Paris participent à un spectacle sur une saison entière avec 75 dates assurées. C’est aussi la première fois que nos pompiers-acrobates vont collaborer avec des circassiens et ainsi créer une équipe artistique homogène. Pour notre numéro, que nous avons répété à la caserne Masséna, nos hommes seront en tenue de feu, la visière baissée, la lampe de casque, la perche de feu -tous les marqueurs forts des Pompiers de Paris- ainsi que le matériel que nous utilisons au quotidien : cordes espagnoles et échelles autoportées de 5 m 50. Nous mettons en scène ce que nous effectuons en intervention. Le public pourra ainsi constater que la rigueur militaire d’un corps d’élite alliée aux qualités artistiques et prouesses des professionnels du spectacle donne vie à un ballet aérien inédit !

Un vrai casse-tête pour établir un planning !

L’organisation doit être impeccable. Sur les 30 gymnases formés, 5 d’entre eux intègrent le numéro à chaque représentation. Le statut de militaire est une vraie plus-value : les ordres donnés et aussitôt exécutés font que les choses avancent vite, sans occulter l’affect et la bienveillance.

Quelle musique avez-vous choisie ?

Joseph Bouglione, qui avait exprimé sa volonté de nous intégrer à son nouveau spectacle, nous a proposé des musiques. De notre côté, nous avons demandé à un pompier musicien de composer un des morceaux qui accompagneront le numéro.

Et pour le final de Tempo ?

L’idée est de faire la part belle à nos uniformes de parade, que nous appelons la tenue de sortie. Nous avons à cœur de présenter un numéro à la fois très parlant pour le public et très onirique.

Diriez-vous que certains pompiers sont aussi de vrais artistes ?

C’est le cas d’une jeune femme pompier de Paris dans notre groupe qui a fait de la gymnastique rythmique et apporte beaucoup de grâce. Il y a deux types de pompiers : ceux qui ont une fibre artistique naturelle et qui le prouvent avant même d’avoir commencé à travailler. Et ceux que l’on emmène dans cette voie peu à peu. Ils combattent la rigidité due à notre métier pour apprendre à donner de l’acting, des attitudes et sourire, mais ils découvrent vite le plaisir du spectacle.

Les acrobates/gymnastes et les pompiers ont beaucoup de valeurs en commun !

C’est vrai. L’hygiène de vie, le respect de la discipline, l’entraînement physique… Je fais souvent le parallèle entre le stress des pompiers appelés sur des grosses interventions et des opérations de sauvetage et celui de l’acrobate qui va se produire sur la piste. Les deux doivent pouvoir s’appuyer sur des qualités physiques identiques : la force, l’équilibre et la souplesse… Autre point commun : les pompiers travaillent en binôme et veillent ainsi mutuellement à leur sécurité, comme les artistes qui présentent du main-à-main ou les voltigeurs…

Qu’est-ce que cela représente pour vous de se produire au Cirque d’Hiver ?

Une fierté, un honneur, une récompense. Le lieu est un écrin incroyable. Et nous sommes attachés à ce que représentent les Pompiers de Paris dans l’imaginaire d’un enfant ! Alors, croyez-moi, les Pompiers de Paris vont mettre le feu au Cirque d’Hiver !