Bienvenue dans le temple de l'Excellence et du Tempo !
Je vous regarde passer depuis presque trois siècles. Jeunes ou moins jeunes. Amateurs ou néophytes. Parisiens, étrangers de passage dans la capitale, visiteurs issus de nos régions... Je suis le temple des arts circassiens, le plus beau cirque en dur du monde, inscrit aux monuments historiques depuis le 10 février 1975. Depuis ma « naissance », j'abrite la féerie, la magie, les rires et les frissons. Les amoureux du Cirque se sont régalés avec nos flamboyants spectacles, Dingue, Délire, Rires ou le dernier en date, Spectaculaire, le bien nommé. Cette année, je ne suis pas peu fier de vous annoncer la nouvelle saison avec Tempo qui mérite tous les superlatifs ! Monsieur Loyal ne va plus savoir où donner de la tête avec tous ces numéros de prestige à présenter ! À tout seigneur tout honneur : la venue exceptionnelle de la Section de Gymnastique des Sapeurs-pompiers de Paris qui crée l’événement ! Des soldats du feu-artistes heureux de partager l'affiche avec des circassiens de haut vol tels Guillaume Juncar qui revisite la roue Cyr avec brio, Housch Ma Housch pour amuser petits et grands, la troupe Empress et ses jongleurs de massues déjantés, la Roue de la mort pour satisfaire les amateurs de grand frisson. Il y aura de l'équilibre, du main-à-main, de l'humour, des prouesses, des performances et des surprises avec la jeune Asia, suspendue à sa chevelure, mais aussi des lancers de couteaux, des barres fixes sur fond de tango. De l'improbable et du jamais-vu ! Sans oublier les artistes maison ! La famille Bouglione sera dignement représentée par Regina dans un numéro de haute école, Natalia aux sangles aériennes, Sampion qui fera cohabiter claquettes et jonglerie... L’orchestre de Pierre Pichaud donnera le Tempo et les Salto Dancers sauront ravir les amateurs de chorégraphies enlevées... De quoi engranger souvenirs indélébiles et sensations fortes... En coulisses, vous pourrez admirer les couleurs impériales rouge et or et les fresques qui ornent le Bar de l'Impératrice, magnifiquement restauré.
Entrez, entrez dans le temple mythique du Cirque connu et envié du monde entier !
Les numéros
Les Sapeurs-Pompiers de Paris
acrobatie
On les admire pour leur bravoure sans faille et leur forme physique exemplaire. L’équipe de 30 pompiers de la section Gymnastique enverra à chaque représentation de Tempo 5 des leurs qui, avec 4 acrobates, exécuteront un numéro d’exception. Cordes espagnoles et échelles autoportées de 5 m 50, matériel tout droit sorti de la caserne Masséna, s’inviteront sur la piste du Cirque d’Hiver-Bouglione ! Le public pourra constater que la rigueur militaire d’un corps d’élite alliée au sens du spectacle des circassiens donne vie à un ballet aérien inédit ! Pour le final, casques et perches de feu, tenues d’apparat seront de sortie ! Une plongée dans l’univers des Pompiers de Paris, à la fois onirique et réaliste, comme dans l’imaginaire d’un enfant…
Housch Ma Housch
comédies
Cet artiste ukrainien fait le tour du monde avec des sketchs désopilants sans mot dire et déclenche immanquablement les rires des grands et des petits. Ses saynètes hilarantes, dont un solo de guitare irrésistible, ont construit sa renommée et sa légende. Il joue à merveille de ce look de professeur Tournesol, étourdi et malicieux, toujours le premier étonné de sa maladresse. Un talent et une bonhomie salués par un torrent d’applaudissements et des sourires jusqu’aux oreilles !
La troupe Empress
Ce quatuor venu de l’Est a décidé de sortir des sentiers battus ! Imaginez une sorte de reine, assise sur son trône, qui mène les hommes à la baguette ! C’est le rôle de Liubov qui, en mode « maîtresse-femme » en fait voir de toutes les couleurs à ses trois « sujets », Maksim, Edouard et Dmitrii ! 4 jongleurs qui font preuve d’une agilité et d’une originalité inouïes avec des lancers de massues fascinant et enlevé sur piste mais aussi dans les airs !
Tyrone Laner
lancer de couteaux
Son adresse ne nous laisse pas de marbre. À le voir débouler sur la piste, on pense aussitôt à un gladiateur des temps modernes avec lequel il ne ferait pas bon se fâcher. Ses lancers de couteaux et ses tirs à l’arbalète sont impressionnants. Chapeau bas à sa partenaire séduisante et agile qui ne manque pas de répondant ; Margo est tout sauf un faire-valoir ! Leur prestation a séduit les plus grands cabarets, comme le Royal Palace en Alsace !
Sára Nagyhegyi
suspension capillaire
Tirée par les cheveux, la performance de l’acrobate hongroise ? Oui, au sens propre du terme. Cette toute jeune femme à la chevelure d’ébène a décidé de tout miser sur son chignon. Ainsi, elle apporte renouveau et fantaisie sur la piste ! Après avoir étudié pendant six ans dans son pays natal, elle est aujourd’hui gratifiée de standing ovations partout où elle se produit. Il faut bien avouer que son numéro ébouriffant, intitulé « Suspension capillaire », est décoiffant !
Les Bello Sisters
main-à-main
Il était une fois Céline, Joline et Laurène… Ces trois sœurs, venues d’Italie, forment un trio de charme qui conjugue acrobaties impressionnantes et équilibres audacieux dans un main-à-main réglé comme du papier à musique. Ces artistes exécutent leur numéro dans les plus prestigieuses manifestations, comme au 22e Festival international du cirque en Italie, rendez-vous emblématique des plus grands circassiens.
Natalia Bouglione
sangles aériennes
Enfant de la balle (ses parents étaient de célèbres artistes de cirque), elle envoûte le public avec sa maîtrise des sangles aériennes. Cette mère de deux garçons conjugue la danse et l’acrobatie avec une harmonie qui confine à la magie ; elle sait créer un univers poétique comme personne. A la voir s’envoler au firmament du chapiteau, on se prend à rêver et à se demander si cette fée de la piste est bien réelle. On en oublie la technique pour ne retenir que la grâce…
Asia Perris
équilibriste
Est-elle danseuse ? Acrobate ? Gymnaste ? Contorsionniste ? Bien avant que son immense talent ne l’entraîne sur toutes les pistes du monde, Asia, la jeune Romaine, a fait ses débuts au Sporting de Monaco. Elle a gagné ses lettres de noblesse à Wiesbaden, festival qui met en lumière les jeunes talents du cirque européen. Artiste surdouée, elle est sans doute la seule femme à exécuter un grand écart aussitôt suivi d’un spectaculaire et immédiat relevé de jambes parfait. Ce numéro lui a été inspiré du grand Anatoli Zalesski.
Sampion Bouglione
jonglerie et claquettes
Quand on appartient à la dynastie Bouglione, on sait tout faire ou presque ! C’est le cas de Sampion qui a su s’imposer, au Cirque d’Hiver et partout dans le monde, comme un artiste éclectique qui vous captivera avec son numéro signature de jonglerie… mais pas que ! Sampion ne veut jamais céder à la facilité. Alors, en tant que tap dancer, pourquoi pas jongler tout en exécutant un numéro de claquettes ?
Guillaume Juncar
la roue Cyr
Ce Français a carrément réinventé cette discipline circassienne incontournable ! Il sait captiver l’auditoire par sa prestance, sa dextérité et… son jeu. Car après huit ans de gymnastique et six ans d’interprétation, Guillaume fait la différence sur la piste. Il INTERPRETE son numéro. Transfuge de l’Académie Fratellini, il a découvert la roue Cyr dans cette école prestigieuse. Cet artiste éclectique a aussi endossé le rôle de cascadeur, notamment pour doubler l’acteur Romain Duris, dans le film de Michel Gondry. L’Écume des jours.
Les Rokashkov
barres fixes
Savez-vous danser le tango ? Probablement ! Et sur des barres fixes ? Là, c’est une autre histoire et vous n’êtes pas prêts d’y parvenir ! Ces artistes venus de l’Est savent nous entraîner dans une danse latino sensuelle, endiablée et acrobatique… pas sur parquet de danse, mais plutôt dans une salle de gym. Les adeptes de la gymnastique artistique vont être subjugués et verront sans doute les agrès d’un autre œil !
Régina Bouglione
et ses chevaux
Ses numéros équestres dont elle seule a le secret sont toujours enchanteurs ! Sa carrière internationale ne se limite pas à ces exercices, « mais c’est ce qui me fait vibrer le plus », confie-t-elle ! Écuyère emblématique des lieux, elle a reçu en héritage tout le talent de son père, Émilien, superbe cavalier qui a marqué de son talent le Cirque d’Hiver-Bouglione. Régina réussit à nous faire partager, à chaque fois, une complicité et une tendresse inouïes entre son animal et elle. Sa prestation nous rappelle combien le cheval est l’ami de l’homme et vice versa.
Andrei Pogorelov
la roue de la mort
Tous les aficionados des arts circassiens connaissant ce numéro époustouflant. Il procure le grand frisson et parfois l’inquiétude chez certains spectateurs qui sont tentés de se cacher les yeux tant ils ont peur pour cet artiste intrépide ! Andrei, sourire aux lèvres, crapahute tout en haut de la Roue de la mort, lancée à un rythme de plus en plus effréné… Si le commun des mortels se sent à l’aise sur le plancher des vaches, Andrei, lui, n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il se prend pour Icare sur sa machine infernale.
Michel Palmer
M. Loyal
Comme au premier jour, il se fait une joie de vous présenter des numéros à couper le souffle. Ce maître des lieux à l’élégance suprême, attentif et attentionné, connaît les arts circassiens et l’histoire du plus beau cirque du monde comme personne ! Partie intégrante de cette famille d’artistes qui se produit cette saison dans Tempo, M. Loyal incarne un guide précieux, un lien de complicité entre les spectateurs et l’univers féerique du Cirque qui fait battre son cœur depuis 4 décennies.
Les Salto Dancers
ballet
Le Cirque d’Hiver-Bouglione fait la part belle à tous les arts et la danse n’est pas le moindre. Pour intégrer ce corps de ballet d’exception, Alec Mann, le chorégraphe, a engagé 6 danseuses et 3 danseurs hors pair venus de France, de Grande-Bretagne, du Brésil et des États-Unis. Les spectateurs sont exigeants et scrutent le ballet dès ses premiers pas sur la piste. La technique ne saurait suffire. Il faut du charisme, de l’esthétique et du rêve. Friand des chorégraphies toujours au top, le public réserve un accueil chaleureux à cette discipline indissociable du Cirque d’Hiver !
L’orchestre
de Pierre Pichaud
Dès la première minute, les 9 musiciens donnent le la en entonnant des musiques festives et enlevées ! Aussitôt, les souvenirs d’enfance ressurgissent… Un tempo effréné, un accompagnement sans temps mort pour souligner les émotions, les rires, les performances, le suspense et les frissons. Le maestro fait la part belle aux cuivres et à sa violoniste dont les solos ne laissent jamais le spectateur indifférent. Comme le rappelle souvent M. Loyal : « L’orchestre, c’est la colonne vertébrale du spectacle ! »
Interviews
Les sapeurs pompiers de Paris
Entraînés et sélectionnés par leur adjudant-chef, Benjamin Guy, Tanguy Fonteymond et Célia Baillard appartiennent à la prestigieuse Section de Gymnastique des Sapeurs-pompiers de Paris. Ils nous confient leur joie et leur fierté de se produire au Cirque d'Hiver !
La famille
Souvenirs, souvenirs…
Ils se prénomment Sandrine, Thierry, Régina, Odette, Joseph, Louis-Sampion, Francesco, Nicolas… Ils appartiennent à une dynastie prestigieuse de circassiens. Chaque membre de la famille Bouglione a, comme l’écrit le poète Baudelaire, plus de souvenirs que s’il avait mille ans. Mais s’il fallait n’en retenir qu’un seul ?
Sans hésitation aucune, notre mariage en 1984 ! Il ne nous serait jamais venu à l’idée de célébrer notre union ailleurs que sur la piste du Cirque d’Hiver. Pour nous, c’est la plus belle salle de Paris !
Nous parlons d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, d’une époque révolue. L’un de nos cadeaux de mariage plutôt atypique -deux bébés tigres- a fait basculer nos vies d’artistes. Nous nous produisions, à cette époque, en tant que magiciens. Que faire sinon les intégrer aux numéros que nous proposions sur la piste. Après être passés à la mairie puis à l’église, nous avons fait un deuxième mariage, en quelque sorte. C’est Sergio, Monsieur Loyal, qui a procédé à la cérémonie. Nous avions convié 500 personnes à un dîner assis ; l’orchestre du Cirque d’Hiver nous a accompagnés pendant le bal costumé qui était donné. Pas besoin de déguisements pour nous ! Nous sommes restés habillés en mariés.
Bien sûr, je pourrais citer 1999, l’année de la reprise des spectacles au Cirque d’Hiver ! Nous, les jeunes, avions eu une longue discussion avec mon père et mon oncle Émilien, les patriarches. Cela paraissait une évidence pour nous tous, mais pas pour le public qui nous avait un peu oubliés. Il faut dire que la concurrence faisait rage à l’époque. Cela aurait pu être un coup d’essai, mais la magie a opéré… À titre plus personnel, un souvenir fort me submerge quand je repense à mon père, Sampion Bouglione. Je l’entends encore répéter inlassablement : « Au cirque, il n’y a pas de vedette ! ». Et, pourtant, un jour, il a vécu un grand moment ! Non seulement, il a été fait chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres -distinction dont j’ai moi-même été honoré-, mais Jack Lang, ministre de la Culture, lui a épinglé l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur le 7 février 1990, ici, « chez lui », autrement dit au Cirque d’Hiver. Vous vous rendez compte de ce que cela signifie pour des saltimbanques qui n’ont pas beaucoup fréquenté l’école ! Cela a été, pour lui, une reconnaissance. Et pour moi, une grande fierté.
Difficile de choisir un seul souvenir ! Notre vie et notre passion sont indissociables. Des moments forts, il y en a eu tellement ! En 2015, j’ai vécu la reprise des tournées Bouglione comme un plaisir ! Sillonner la France, c’est notre vrai métier. Et pourtant, ce n’est pas facile. Il faut préparer les 22 convois pendant 9 mois et compter avec les intempéries, les imprévus, les pannes des véhicules… Repartir sur les routes après une interruption de 30 années, quel défi ! Je me souviens que de vrais fans de cirque avaient la gentillesse de nous attendre vers les 5 h du matin, qu’il vente ou qu’il pleuve, pour nous accueillir à notre arrivée et assister à notre installation. Certains nous suivaient de ville en ville, enthousiastes et fidèles. Ils nous encourageaient, nous félicitaient, prenaient des photos, nous posaient des questions. Un bonheur intense qui a duré 3 ans. Si cette époque est révolue, je mesure tout de même la chance que nous avons eue de concrétiser ce projet familial commun !
Mon meilleur souvenir, c’est quand la décision a été prise – à ma plus grande surprise et à la plus grande joie-, de reprendre les spectacles. Il faut bien dire que l’arrêt avait été brutal. Un vrai choc pour nous tous. Cette reprise a été pour moi l’occasion de me révéler et de m’engager à fond. Avec en tête un sacré challenge, presque une obsession : faire revenir le public. Il a fallu repenser les spectacles, mais surtout remettre le Cirque d’Hiver au goût du jour. C’était devenu une salle de spectacle ; elle avait vu défiler des centaines de productions qui avaient fatalement transformé les lieux. Beaucoup de choses devaient être remises en état. Des travaux s’imposaient. Tout ou presque était à refaire : le velours des rideaux, les pupitres des musiciens, la piste qui avait été recouverte par un plancher, etc. 150 costumes à créer ! Ceux qui restaient dataient des années 80 ; ils étaient complètement has been. Il a fallu aller très vite car cette concertation familiale s’est faite à l’automne 1998 et nous avons présenté notre premier spectacle en octobre 1999 !
Il y a tant de souvenirs… Si je devais n’en mentionner qu’un, ce serait le jour, le 1er décembre 2000, où mon frère Joseph m’a sollicitée pour travailler sur la piste familiale. Les spectacles au Cirque d’Hiver avaient déjà repris. Moi, je revenais des États-Unis ; j’avais travaillé pendant deux ans avec un numéro d’arbalète au Cirque Ringling. Là-bas, c’était le top ! Je ne voulais pas faire moins bien qu’aux USA. En tant qu’artiste, j’avais été très gâtée et je ne savais pas si j’allais continuer. Je me demandais ce que j’allais bien pouvoir faire de plus ! Je songeais à mettre un terme à ma carrière. Pour finir en beauté. J’aurais eu plaisir à travailler au Bar de l’Impératrice, m’occuper des costumes… Mais Joseph avait tout prévu : « Pour la saison 2001, tu vas présenter un numéro de haute école. Je t’ai trouvé un cheval et un prof ! ». J’ai répété… Je me suis entraînée. Ensuite, il y a eu le spectacle Rires, en 2015. Depuis cette année-là, je n’étais pas remontée à cheval ! Croyez-moi, c’est difficile de débuter dans une discipline très subtile qu’on ne maîtrise pas. Surtout au Cirque d’hiver dont l’exigence n’est pas une légende !
Mon meilleur souvenir ? Il est à venir ! Tant de choses merveilleuses et surprenantes restent à vivre ici. Mais je dois bien avouer qu’en 1999, il s’est produit quelque chose de magique : la réouverture du Cirque d’Hiver avec le spectacle Salto. Nous avions arrêté en 1985. À l’époque, j’avais 19 ans ; je travaillais avec les chevaux et je présentais un numéro de force avec mes sœurs Régina et Odette. Nous sommes tous aller travailler ailleurs. Dans d’autres cirques. Dans d’autres pays. Tous les artistes ont envie de travailler mais avoir du talent ne suffit pas. La prouesse, c’était de trouver des engagements ! Alors, rien que d’entendre la musique de La Piste aux Étoiles résonner à nouveau dans le Cirque d’Hiver m’a procuré une joie immense. Pour nous, la jeune génération -nous ne sommes plus si jeunes !, c’était un signe de renaissance. Un drôle de pari… gagné ! Si nous l’avions perdu, qui sait si la dynastie Bouglione ne serait pas tombée aux oubliettes !
Je suis pratiquement certaine que tous les membres de notre famille vont mentionner la date de la reprise des spectacles circassiens au Cirque d’Hiver. Et à juste titre. C’était un événement ! Une renaissance. Mais, pour moi, en tant que maman, je garde le souvenir de mes deux fils, Alessandro et Valentino, entrant ensemble pour la première fois sur la piste. C’était pour le spectacle Festif. Il y avait leurs cousins Dimitri et Victoria dans ce numéro. Alessandro et Valentino avaient respectivement 4 et 10 ans. Je revois mes garçons habillés en gitans ; ce sont nos racines ! C’était tellement mignon ! À la fois magique et émouvant. Cela m’a permis de voir le caractère de chacun s’affirmer sur la piste. Et puis, il y a un souvenir qui se crée chaque saison : quand l’orchestre joue les premières notes de la musique de La Piste aux Étoiles. Tous les Bouglione sont émus et ressentent ce petit pincement au cœur…
Nouvelle génération
Le cirque, c’est leur destin !
À l’âge où les vocations se dessinent, tous les enfants du monde ont un jour formulé leurs vœux ainsi : « Plus tard, quand je serai grand, je serai… » La dernière génération des Bouglione ne déroge pas à la règle. Et, sans surprise, nous avons constaté que les jeunes avaient la passion du cirque dans les veines !
Quand j’étais petite et que l’on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais « avocate ou artiste ». Typiquement des réponses d’enfant ! Aujourd’hui, je sais que la piste, ce n’est pas mon truc. Dans mon enfance, j’ai suivi beaucoup d’entraînements de natation. Ma mère, Irina, est artiste mais elle a fait de la natation synchronisée. J’ai compris que ce n’était pas fait pour moi. Alors, je me suis éloignée du sport pour me concentrer sur mon désir de travailler dans la communication, le journalisme. D’ailleurs, je suis ma scolarité en Belgique dans une école qui me prépare à un Bac international et j’ai déjà accès à des options. Parmi elles, il y a Art et Journalisme ! Allier mon amour du cirque et le métier que j’aimerais exercer serait parfait ! Le cirque, c’est ma famille, ma destinée.
Comme mon cousin Juliano, je suis inscrite au Collège Rognoni. Je travaille bien à l’école mais je consacre pas mal de temps à des disciplines artistiques : trois heures de cours de danse hebdomadaires, musculation, exercices d’échauffement, souplesse pour entretenir une bonne condition physique. On demande souvent aux enfants du cirque si leurs parents les obligent à rester dans le milieu. Les miens accompagnent nos envies. Peu importe ce que mon petit frère et moi, nous déciderons de faire plus tard ! Moi, je ne ferme pas la porte à d’autres métiers… Bien sûr, le cirque fait partie de ma vie, mais le principal, c’est de s’amuser, de se faire plaisir ! Il y a deux ans, j’ai eu le coup de foudre pour le numéro de Zoré España qui se produisait au Cirque d’Hiver. J’ai découvert la roue Cyr avec cette artiste. J’en ai parlé à mes parents qui m’ont procuré une roue, trouvé un prof pour m’initier à la discipline. À la maison, on a le droit de jouer aux jeux vidéo, 30 minutes/jour quand il n’y a pas école. Et puis, j’aime aussi beaucoup le dessin et peindre des aquarelles…
Pour les métiers « normaux », quand j’étais tout petit, j’ai d’abord pensé être dentiste puis footballeur, cuisinier ou pâtissier. Je n’aime pas forcement le sport, mais le football, si. Je m’entraîne dans deux clubs différents. Je ne suis ni trop nul ni trop fort. Mais il n’y a pas que le foot dans la vie. Y a le trampoline ! Pendant le confinement, j’en ai fait beaucoup à la maison. J’aime exécuter plein de figures au Trampoline Parc car il y a de la mousse et on ne se fait jamais mal. Comme ma mère est acrobate, ça m’intéresse aussi. Elle me fait beaucoup répéter parce que le cirque, ça fait partie de ma vie. J’ai deux autres passions : la cuisine et la pâtisserie. Depuis tout petit, je fais des plats et des desserts. Le bortsch avec Sandrine, ma grand-mère paternelle, et des gâteaux ou des pirojkis avec ma grand-mère maternelle, Margarita. Elle était trapéziste et elle est célèbre pour son quadruple saut arrière. Souvent, je lui téléphone en Russie et on fait les recettes ensemble.
Après avoir fait du théâtre pendant deux ans, j’ai arrêté ; ce n’était pas mon truc. J’aime le sport, surtout le foot, la musique, évidemment et, dans les matières générales enseignées à l’école, l’anglais. Quand j’étais petit, je ne savais pas trop quoi choisir entre toutes les activités qui me plaisaient pour en faire mon métier plus tard. Ça me traverse toujours l’esprit de faire du foot, peut-être en tant que prof. D’ailleurs, j’ai fait découvrir ce sport à mon cousin Louis. Mais ma priorité, c’est la batterie. J’en joue depuis l’âge de trois ans. Au début, la batteuse du Cirque d’Hiver m’a expliqué comment jouer et mon père, musicien, me donne des conseils, particulièrement sur le tempo. J’accumule de l’expérience et je fais de mon mieux car je me verrais bien monter mon propre groupe. La plupart de mes copains font de la musique et on participe à plein de spectacles. J’espère avoir le niveau pour faire partie de celui du Paradis latin en fin d’année ; ce serait un honneur !
Cette année, j’entre en CM2 ! C’est bizarre, je n’aime pas beaucoup l’école et pourtant, je travaille bien. En fait, je ne suis pas content quand j’ai de mauvaises notes ! Je ne sais pas encore ce que je vais faire plus tard, mais on verra ; pour l’instant je suis encore petit pour choisir et il y a tellement de trucs qui m’intéressent. Je suis très curieux. Mes parents m’ont proposé de commencer les répétitions de gym et d’acrobatie. Et je vais faire de la basse aussi. Il faut dire que mon oncle, le frère de maman, est bassiste et c’est lui qui va me donner des cours deux heures par semaine ! Mon grand-père maternel est musicien. J’adore le cinéma. Nous regardons beaucoup de films en famille. Soit à la maison, soit dans les salles. Je suis inscrit à des cours de cinéma qui vont me faire découvrir les coulisses. J’aime bien voir l’envers du décor ! Sinon, je lis beaucoup, et pas que des mangas ! Plus tard, j’aimerais bien aller à l’École des enfants du spectacle et Collège Rognoni, comme mon cousin Juliano. C’est pour ça que je travaille bien dans toutes les matières : je voudrais que mon dossier soit accepté !
Ces deux-là s’entendent comme larrons en foire… surtout sur les plateaux face aux objectifs ou à la caméra ! Leur maman, Alexia Bouglione, les a mis en agence pour des shootings pub essentiellement. « Je connais bien ce milieu pour avoir été mannequin, entre autres, et je vois que ça les amuse. Chez eux, tous les gestes et réactions sont naturels. Ils ont le sens du contact, vont facilement vers les autres et sont toujours souriants. C’est dans leur caractère. Et puis, s’ils n’ont pas envie, pas question de les forcer ! Vito est en pleine période camions de pompier, remorques, chantiers, etc. Je crois qu’il viendra saluer au final cette année, car il aime assister aux répétitions même sans lumières et sans costumes ; il adore regarder Victoria et Natalia travailler. Quant à Gina, elle marche et danse avec beaucoup de grâce. Plus tard, j’aimerais surtout qu’ils fassent ce qu’ils aiment. Ils choisiront. »
